De la graine à l’assiette


Dés les premiers beaux jours de l’année, le désir de jardin pointe son nez et avec les hivers doux qui se succèdent, la tentation est d’autant plus forte quitte à précipiter l’ordre des choses.
Jardiner, cultiver, récolter ses fruits et ses légumes apportent un plaisir et une satisfaction incomparables. Et quoi de plus prenant que de vouloir partir de la graine pour aller jusqu’à l’assiette en effectuant soi même ses semis bien au chaud en intérieur ou dehors directement en pleine terre ?
A partir de l’incontournable culture de la tomate, nous allons faire le parcours du semeur et aborder quelques nuances à connaître selon différentes variétés potagères. A force d’expérience et de curiosité, il a appartiendra à chacun d’être attentif aux exigences et aux besoins des diverses variétés de plantes qu’elles soient florales ou potagères.

Quel est le bon moment pour démarrer ses semis ?

Le premier casse-tête est d’éviter de commencer trop tôt ou parfois trop tard ses semis. Au préalable, il y a certaines choses à prendre en compte comme les temps de croissance des végétaux entre le moment du semis et celui de la plantation qui varient d’une plante à une autre, mais aussi notre capacité à répondre aux besoins élémentaires des plantes en terme de chaleur, d’humidité et d’éclairage. Il est aussi important pour pouvoir répondre aux divers besoins des végétaux, de comprendre les différents stades de croissance : la germination, la photosynthèse, le développement des racines, etc …
Sans cela, le risque est d’être confronté à quelques difficultés courantes comme certaines carences, les semis qui filent ou plus grave la fonte des semis. Dès Janvier fleurissent dans les magazines ou sur internet les conseils de semis, mais est ce vraiment nécessaire de semer si tôt plutôt que d’attendre le début du Printemps ? Êtes vous suffisamment équipé pour entreprendre des semis si précoces ?

Prendre en compte le climat

semis sur table chauffante

Je sème, je sème, mais à quel moment vais je pouvoir planter mes tomates au potager ? Voilà LA question ! Cela va forcément dépendre de ma région et son climat, mais aussi de mes conditions de culture; Ai je une serre, une véranda pour faire pousser mes tomates ? Suffisamment de place dans un espace chauffé et éclairé une grande partie de la journée ?
Commençons par le climat. Effectivement, on ne va pas planter à la même période sur un climat Méditerranéen, un climat océanique, un climat semi-continental ou montagnard car les conditions ne sont pas les mêmes (hydrométrie, ensoleillement, température, réchauffement des sols,…)
Pour faire simple avec quelques généralités, si on considère les conditions de plantation d’un plant de tomates, sachant toutefois qu’il existe aussi des variétés précoces et tardives (A ne pas négliger si on souhaite étaler ses récoltes)
*Sous un climat Méditerranéen, il est possible d’envisager une plantation en extérieur à partir de mi-Avril, voire début Mai selon l’ensoleillement, la pluviométrie du moment.
*Sous un climat océanique, qui constitue en quelque sorte le standard de référence français dans le jardinage, on envisage les plantations à partir de mi-Mai et après les fameux saints de Glace ( Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais) qui marquent la période des dernières potentielles gelées. Et selon qu’on soit landais ou breton, là aussi il y aura des variables avec notamment une période d’acclimatation plus ou moins longue. L’acclimatation consiste à habituer peu à peu les plants bientôt prêts à être planté aux conditions extérieures en les sortant progressivement quelques heures, de la mi-ombre au soleil.
*Climat Montagnard :si les semis déjà bien démarrés en intérieur chauffé, ne peuvent faire une étape en serre au début du Printemps, il faudra envisager les plantations en Juin. Bien évidemment le contexte spécifique du jardin, plus ou moins abrité, plus ou moins ensoleillé, conditionnera le bon timing.
Le jardinage reste avant tout un long parcours de patience, d’observation, d’expérience, de compréhension de son environnement et met à contribution notre capacité à s’ adapter. Il est certain que disposer d’une serre ou au moins un espace couvert, abrité et ensoleillé, permettra de gérer certains paramètres lors de la période de plantation : séquence trop venteuse, trop pluvieuse, un risque de dernières gelées, un réchauffement timide ou même un manque de disponibilité du jardinier pendant quelques jours..

Peut on alors envisager un semis de tomate en Février ?

Mini serre

Chaque variété de plante a un temps de germination plus ou moins long dans des conditions qui lui sont adaptées. Là ou un oignon aura besoin de 20 à 25 jours entre 10 et 30° pour germer, il faudra 4 à 10 jours entre 5 et 27° pour une laitue. Un semis sur un plan chauffé (table ou nappe chauffante) qui assure un température constante, optimise la levée. Une graine de tomate lève à partir de 6 ou 8 jours avec une température de 16 à 30° et il faut compter entre cinq et six semaines de croissance dans de bonnes conditions avant de les planter dans le jardin. Logiquement si vous envisagez de planter vos tomates fin avril, il faut débuter vos semis début /mi Mars.

Astuce : pour gagner du temps pour la germination du persil et des légumineuses (ex : pois, fèves), il suffit de tremper les semences dans de l’eau la veille du semis. Pour le persil, on peut parvenir à gagner 12 jours (levée des premières semences en 8 jours).

Semer tôt impliquerait de mettre en attente des godets dans de bonnes conditions, parfois même de rempoter dans des pots un peu plus larges avec une terre renouvelée suffisamment nutritive pour continuer d’assurer une bonne végétation et un développement racinaire en attendant la plantation.
Sans cela, cette attente va créer un blocage dans le développement global de la plante. Une fois en terre, elle aura du mal à repartir, restera probablement chétive.
Il faudra donc disposer d’une place suffisante, disponible et s’astreindre à de la manutention supplémentaire.

Mais avant même d’en arriver là, un semis précoce en intérieur demandera à avoir des sources de lumière suffisantes. Le classique semis sur le radiateur devant une fenêtre peinera à trouver un éclairage durant les quinze heures nécessaires. Les journées sont courtes, une fenêtre est exposée au soleil en moyenne 5/6 heures et sans éclairage artificiel (ex : lampe horticole), on s’expose à des semis qui filent, c’est à dire que la jeune plantule, en quête de lumière, va se mettre à chercher cette source en fabricant une longue tige fine, fragile au détriment du système racinaire. A terme, c’est forcément préjudiciable pour la santé de la plante.

Astuce : Que faire lorsque vos semis filent ?
L’une des solutions sera d’effectuer un délicat repiquage intermédiaire en rempotant une partie de la tige afin de permettre à la plante de fabriquer de nouvelle racine en profondeur. D’autant plus délicat si on a semé serré en caissette plutôt que 2 ou 3 graines en godet. Puis il faudra régler et agir sur la source du problème, c’est à dire la température de la pièce et la lumière disponible. Une serre maintenant une chaleur suffisante ou une véranda serait la meilleure solution, mais pas à la portée de tous les jardiniers.

Quelle que soit la plante semée, l’idéal est donc de commencer les semis au bon moment en respectant les temps de croissance évoqués plus haut. D’autant qu’en patientant, les conditions d’éclairage naturel sont meilleures, le bord d’une fenêtre bien exposée et la chaleur dégagée à cette période deviennent généralement suffisants. C’est également moins de besoin en terme de matériel et de manutention (éclairage, potentiel chauffage, pots etc …). Seule raison qui permet d’anticiper vraiment un semis est la possibilité de faire ses premières plantations en pots dans une véranda suffisamment aérée ou encore en pleine terre dans une serre afin d’avoir des récoltes précoces. Mais ce là encore pas à la portée de chacun.

Le semis en pleine terre

Semis direct

Le semis en pleine terre devra respecté lui aussi les conditions spécifiques de germination de certaines variétés. A priori, la tomate n’est pas concernée par ce type de semis sous nos latitudes. On peut toutefois avoir la surprise de semis spontanées de tomate lorsque des fruits sont tombés au sol l’Automne précédent.
Certaines graines potagères ou florales peuvent être semer à la fin de l’Automne (pieds d’alouette, tournesol, fèves ou poids gourmands). Selon la région et les températures, même levées, elles devraient pouvoir passer l’hiver sans trop de problème, fleurir puis fructifier au tout début du Printemps avec l’aide des pollinisateurs déjà présents.

Les semis en pleine terre effectués à la fin de l’hiver végéteront plus ou moins selon la montée des températures et le réchauffement du sol. Une protection comme un tunnel ou un châssis faciliteront la levée des plantes.
Si comme il se doit, le jardin a été paillé à la fin de l’Automne, il sera préférable de dégager la paille pour permettre au soleil de réchauffer la terre. Plus tard, quand les plants seront suffisamment haut, on recommencera progressivement à pailler pour protéger le sol cette fois du dessèchement durant l’Été .
Reste que certains semis en pleine terre font le délice des escargots (pieds d’alouette, salades) ou se retrouvent étouffés par des vivaces exubérantes ou des semis de sauvageonnes bien trop denses. Il faudra donc être vigilant et trouver les bonnes solutions.

Ce n’est là qu’un court aperçu de tout ce qu’il faut retenir et comprendre de la science du semis. A chacun de faire son expérience, de tenir à jour son carnet de bord pour suivre les saisons, garder les plantes qui finalement paraissent les plus adaptées aux conditions spécifiques du jardin et aux capacités du jardinier .
De la graine à l’assiette, un joli programme donc on se lasse jamais.

Astuce : que faire en cas de fonte des semis ? La fonte des semis est une maladie qui se manifeste par un pourrissement au niveau du collet des jeunes pousses en cours de germination. Cette maladie qui apparaît souvent en foyer se propage très vite d’une plante à l’autre. D’origine bactérienne, cryptogamique (champignon), elle est favorisée par une ambiance chaude, trop humide et un manque d’aération. La sagesse veut d’enlever rapidement les pots et caissettes de semis contaminés, jeter la terre et laver les contenant (ex : javel), mais aussi traiter tout ce qui est aux alentours.
Si on reste sur des traitements naturels, on peut tenter d’agir en préventif en mélangeant à la terre à semis ou en déposant en surface de la vermiculite (une poudre d’argile) ou de la poudre de charbon faite maison. On peut aussi traiter avec une infusion d’ail qui contient du souffre aux vertus fongicides.
Infusion d’ail : Hachez ou écrasez 2, 3 gousses d’ail, mettre dans de l’eau (privilégiez une eau non traitée si vous le pouvez. Ex : eau de pluie), portez à frémissement, mais pas à ébullition. A partir de là, laissez refroidir avant de filtrer puis mettre dans un petit pulvérisateur sans diluer et traitez vos semis en préventif.
En curatif, le résultat n’est pas totalement assuré. Il faut donc surveiller jour après jour si la progression continue.
Cette solution d’ail peut être aussi utilisée contre les pucerons, les acariens, les chenilles et les maladies telles que cloque du pêcher et de la vigne, mildiou, rouille, oïdium, moniliose, pourriture grise des fraisiers.

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