Le jardin de biodiversité / Favoriser les haies vives


Les haies vives d’essences indigènes qui moutonnaient nos paysages campagnards ont été, sans autre forme de procès, massacrées sur l’autel de la production agricole intensive. Les intérêts des haies bocagères sont pourtant multiples et leur perte a montré combien leur présence était cruciale pour les sols, la capture du CO2, la fraicheur de leur ombre, la présence de nombreuses espèces, de véritables éco-systémes, sans parler de l’esthétique, de leur place dans notre patrimoine paysager..

Si vous vous désespérez de ne plus voir de papillons, d’abeilles, de moins entendre les oiseaux, ne plus surprendre de hérissons le soir, ect,…plantez et entretenez une haie champêtre.

La multiplication des habitations individuelles, la bétonisation sur les espaces naturels, le morcellement et le cloisonnement de certains territoire péri-urbain avec des matériaux nouveaux, synthétiques, exportés, une notion d’un jardin standardisé, « clé en main » et aseptisé (un jardin ras comme une moquette, des végétaux taillés au cordeau,…) ont un impact malheureux, voire désastreux sur cette biodiversité devenue si précaire. Adopter une haie vive, champêtre et savoir l’entretenir est un sacré coup de pouce à la nature dans votre jardin. Celle-ci vous le rendra bien par quelques menus services : régulation des « nuisibles », fruits comestibles, réduction de l’impact négatif du vent, stabilisation du sol, réduction du « lessivage » et de l’impact de la sécheresse, protection et occultation et bien entendu un réel intérêt paysager.

Une telle haie constitue un biotope pour bon nombre d’êtres vivants : oiseaux, micro-mammifères, insectes, autres invertébrés comme les araignées, … Mais aussi : plantes grimpantes, mousses, champignons et lichens.

Les oiseaux ont besoin de deux choses principales dans un jardin : de la nourriture et un abri (notamment pour la nidification). Les oiseaux ont des régimes alimentaires différents en fonction de l’espèce. Certains sont granivores (gros-bec casse-noyaux et Chardonneret élégant), insectivores (Fauvette à tête noire et Pouillot véloce), frugivores (Jaseur Boréal), omnivores (mésange charbonnière et mésange bleue), vermivores (Merle noir) ou carnivores (Corneille noire et Pie bavarde).

Les insectivores, pour la plupart, vont aller chercher les insectes plus au sud lorsque l’hiver survient. Les granivores et frugivores débarquent chez nous en hiver, laissant derrière eux une Scandinavie devenue pour quelques mois inhospitalière.

Haie naturelle pour les oiseaux

Mésange bleue / nid de Merle noir dans une haie

L’important est de laisser la haie libre sans trop d’entretien ni taille. En effet, l’idéal est que les arbustes puissent réaliser un cycle complet de la floraison à la fructification. Mais à l’échelle d’un jardin cela n’est pas toujours possible (empiètement sur l’espace public, voisinage, esthétique,…). Optez donc pour un entretien raisonné, alterné (ne pas tout tailler la même année), saisonnier (respecter la nidification des oiseaux qui démarre la plupart du temps en fin Mars / Avril)

Concernant l’abri , une haie dense d’arbustes caducs ou persistants ramifiés et/ou épineux est parfaite pour une nidification en toute quiétude. De plus, vous aurez peut-être la chance d’accueillir chez vous le pie-grièche écorcheur qui empale ses proies sur les épines des arbustes (un véritable « plaisir sadique » que la nature nous offre !)

N’hésitez pas à insérer quelques nichoirs dans votre haie en prenant soin de varier les conceptions : nichoir fermé pour les cavernicoles avec un trou de diamètre différent en fonction de l’oiseau à accueillir (étourneau ou mésange par exemple), nichoir semi-ouvert pour les semi-cavernicoles (Rouge-gorge ou bergeronnette grise). Prenez soin de laisser la mousse et le lichen sur les troncs car ceux-ci, non seulement n’attaquent pas les plantes comme on le lit parfois, mais fournissent des éléments pour réaliser certains nids (ex : mésange à longue-queue) et fournissent un abri à quelques petits insectes qui vivent à l’intérieur. Vous pouvez aussi laisser les plantes herbacées toute l’année au pied de votre haie, surtout en hiver, elles constitueront une source de nourriture pour les granivores en hiver et un milieu protecteur pour quelques oiseaux qui préfèrent vivre au sol .

La partie basse d’une haie est aussi essentielle que le reste. Ne l’éclaircissez pas trop, laissez un peu de bois mort, de taille, de tonte pour offrir le gîte et le couvert et garder une certaine qualité du sol (matière organique, fraicheur, …)

Le nectar des fleurs est présent en suffisance du printemps jusqu’à la fin de l’été mais…. certaines abeilles sauvages et quelques bourdons sortent leurs petits bouts d’antennes très tôt dans l’année. L’idéal est de planter dans la haie des arbustes à floraison très précoce : Cornouiller mâle et saule sp. par exemple. En fin d’année, c’est le lierre qui sera pour eux un apport nutritif bienvenu car celui fleurit très tard. (nota bene : le lierre fournit aussi abri et nourriture aux oiseaux). Pensons aussi aux autres insectes pollinisateurs comme les syrphes, ces mouches déguisées en abeille, sont d’une incontestable utilité au jardin : leurs larves sont prédatrices de pucerons et autres joyeusetés et les adultes sont de brillants pollinisateurs.

Haie naturelle pour les insectes butineurs

Les floraisons précoces et tardives sont parfaites pour les pollinisateurs : le Cornouiller mâle, le Mimosa ou un simple Saule marsault dont la floraison intervient tôt au printemps fourniront la première nourriture des abeilles. En fin de saison : pensons au lierre, cette formidable grimpante possède l’avantage de fleurir en fin de saison, délivrant ainsi une des dernières sources de nourriture pour les insectes butineurs. En saison, pensez aux arbustes fleuris et nutritifs comme les aubépines, les prunelliers, les lilas, le Philadelphus, les spirées, … Et bien évidemment, le boycott total d’insecticides dans votre jardin est indispensable.

Les papillons adultes ont besoin de nectar pour se nourrir mais, il ne faut pas oublier que les chenilles de ceux-ci ont besoin d’une plante hôte souvent spécifique à l’espèce du papillon : exemple la bourdaine pour le Citron. Certaines plantes de haie peuvent nourrir plusieurs espèces différentes comme la ronce par exemple qui donnera des fruits pour le jardinier et les oiseaux. L’idéal serait de laisser quelques orties au pied de la haie pour augmenter encore le nombre d’espèces de papillons possible.

Haie pour les papillons

L’ortie est une plante-hôte pour beaucoup de papillons dont le magnifique Paon-du-Jour !

Le Buddleia davidii comme « l’arbre à papillons » par excellence ?. C’est faux. Si on laisse de côté son penchant à devenir invasif (toujours sujet à débat !), celui-ci sera couvert d’un nombre incroyable de papillon, certe, mais le nectar du Buddleia davidii ( les autres Buddleias n’ont pas ce problème) est tellement attirant pour les papillons qu’il se transforme en véritable drogue. Ivres, les papillons ainsi attirés restent sur l’arbuste et ne se reproduisent plus. Des piliers de bar !

Privilégiez d’autres arbustes tout aussi nectarifères mais bien moins problématiques que le Buddleia davidii : Spirée du Japon, Sureau noir, Troène de Californie, Caryopteris, … Et ajoutez à votre haie une bande fleurie à la base avec des Asters, des Eupatoires, de l’origan, du fenouil et… un peu d’ortie.

Ils aiment s’aventurer dans des haies inextricables. Les chauve-souris apprécient la prolifération de minuscules insectes et papillons nocturnes qui volettent autour des arbustes. La musaraigne, véritable machine à avaler tout ce que le jardinier redoute, trouve son bonheur dans son  vagabondage incessant au pied d’une haie. Et ne serait-ce pas un petit écureuil qui vient voir si vos noisettes sont déjà mûres ? Vous l’aurez compris leurs besoins se rapprochent des autres animaux. Ils ont besoin de deux choses principales :  un abri et de la nourriture.

Plus votre haie est touffue mieux c’est ! Il faudra une bonne part d’arbustes épineux (ronce, aubépine, prunellier) pour fournir un abri efficace et des arbustes persistants (troène, houx, eleagnus, …). Des arbustes fruitiers seront bien évidement les bienvenus (noisetier, sureau, ronce, …). Leur floraison attirera divers insectes qui apporteront un peu de protéines aux insectivores (chauves-souris, musaraignes, …) ou à ceux qui font de temps à autres des entorses à leur régime végétarien (écureuil, muscardin, …).

Merci à Promesses de fleurs

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