Reconnaître les abeilles solitaires


Depuis plusieurs années, nous installons des hôtels à insectes, nous animons des ateliers nichoirs pour les auxiliaires du jardinier. Parmi ceux là, l’abeille solitaire, pollinisatrice performante, tient une place de choix, tant elle nous gratifie volontiers de nos bonnes intentions.

 Mais le saviez-vous ? Il existe près de 1000 abeilles sauvages différentes en France ! Passionné par ces discrètes butineuses, Philippe Boyer nous dévoile leur univers secret dans un livre paru aux éditions Ulmer… Voici ses conseils pour reconnaître quatre de ces étonnants insectes

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Il y a Apis mellifera, la très sociable abeille à miel : très connue, elle en ferait presque oublier qu’il en existe beaucoup d’autres, solitaires… Entre 800 et 1000 espèces d’abeilles vivent en effet à l’écart de leurs congénères, préférant aux ruches des galeries creusées dans le bois, la terre ou l’argile. Toutes aussi menacées d’extinction que les amies de l’apiculteur, elles sont les grandes oubliées de ce désastre alors que leurs activités de pollinisatrices les rendent essentielles à la vie des plantes.

Ce qui les différencie des abeilles domestiques, c’est d’abord leur façon de collecter le pollen : tandis qu’Apis mellifera rassemble des pelotes sur ses pattes antérieures, l’abeille sauvage choisit d’autres stratégies, comme le transport en « vrac » ou encore la scopa, grosse brosse ventrale qui lui permet d’emmagasiner le pollen sur ses poils de l’abdomen. Une abeille au corps doré et poudreux est donc bien souvent une abeille sauvage !

Multitude de formes, de couleurs, de comportements, s’il est donc compliqué, au départ, de se repérer parmi ces nombreux insectes, quatre espèces restent cependant facilement identifiables, d’autant que le jardinier peut les aider à s’installer dans son jardin grâce à des nichoirs artificiels !

La collète du lierre

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En automne, la collète du lierre est à l’honneur. C’est en effet ce petit insecte qui termine la saison d’apparition des abeilles sauvages, en se régalant de l’une des dernières floraisons de l’année, celle du lierre. S’il n’est pas possible de favoriser son installation à l’aide d’un nichoir artificiel – à l’image de 80% des abeilles sauvages, c’est une espèce terricole, qui niche dans la terre – vous la verrez sans doute sortir du sol avant de partir à la collecte de pollen !

L’osmie, notre petite préférée

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Au printemps, l’osmie est la première abeille sauvage à apparaître. Le mâle est le plus facile à reconnaître, avec son petit toupet de poil blanc sur la tête ! C’est l’une des rares abeilles sauvages à nicher dans le bois : si vous voulez l’observer, il vous suffit donc de creuser quelques trous, de diamètre 6, 7 ou 8 mm, à la perceuse dans un morceau d’hêtre ou de chêne. Et si vous n’avez pas de jardin, un rebord de fenêtre bien exposé peut suffire pour installer cette auberge improvisée ! A noter que cette abeille de fin d’hiver affectionne tout particulièrement… les pissenlits !

La mégaschile

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Cette abeille découpeuse de feuilles s’observe en juillet. Sa particularité : elle tapisse les parois de son nid de morceaux de feuilles prélevés grâce à ses mandibules. Si vous voulez l’accueillir dans votre jardin, là encore, il vous suffit de percer de quelques trous un tronc ou un rondin, ou d’installer un nichoir. Dans une petite boîte, à 80 cm du sol, quelques branches de sureau évidées ainsi que des sections de bambous – l’ouverture des tiges doit être orientée à l’est ou au sud-est – sont suffisantes pour accueillir ses petites bêtes.

Une espèce qui, elle, aime se poser sur les larges fleurs plates des Astéracées : plantez donc des marguerites si vous souhaitez l’accueillir dans vos plates-bandes !

La seule chose à vérifier, c’est que dans le nichoir, les galeries soient bien à l’horizontale pour éviter qu’elles ne se gorgent d’eau de pluie. Il n’y a ensuite rien à faire, hormis à observer. C’est une responsabilité d’accueillir des abeilles sauvages dans son jardin : rien ne sert donc de multiplier les galeries, car la promiscuité n’est pas bonne pour ces insectes !

 L’hériade

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L’hériade est une abeille résinière, elle utilise en effet la résine des conifères pour confectionner ses cellules de ponte. Ici aussi, il est possible de créer un nichoir artificiel avec des petits trous de 5 mm percés dans une bûche. Elle s’observe principalement en juillet, il vous faudra donc un peu de patience avant de croiser cette butineuse !

couverture_abeilles_sauvages philippe boyer  Abeilles sauvages

Vous ne les aurez jamais vues d’aussi près : capturées par le téléobjectif du photographe Philippe Boyer, les comportements souvent étonnants de ces mystérieuses butineuses se dévoilent, de l’andrène, insecte terricole immortalisé à l’entrée de sa galerie, au xylocope, la plus grande des abeilles !
De quoi apprendre tout en s’émerveillant !

Abeilles sauvages, Philippe Boyer, Ulmer, 2015, 144 pages, 24,90 €

 

 

 

 

(Remerciements à http://www.detentejardin.com/ )

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