UNE 3ÈME ESPÈCE DE FRELON SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS


L’association Les Pimprenelles a développé ces dernières années une thématique sur le frelon asiatique (conférence et exposition), avant tout dans une intention de connaissance, de compréhension du phénomène, et part ailleurs pour défendre l’argument que devant un nuisible (et en l’occurrence, il s’agit là d’un nuisible déclaré, officiellement reconnu), la fin ne justifie pas n’importe quel moyen.

Tout d’abord, rappelons qu’un frelon n’est qu’une guêpe, une peu plus grosse, mais ni plus agressive, ni plus dangereuse. On connait une vingtaine d’espèces de frelons (genre Vespa), toutes originaires d’Asie, mais dont quelques espèces ont bénéficié des déplacements et des transports humains pour se répandre sur d’autres continents.

Ainsi, le Frelon oriental, Vespa orientalis, connait une expansion vers le Nord et le littoral méditerranéen à la faveur du changement climatique. Il s’est déjà installé depuis quelques années dans le Sud-Est de l’Europe et en Afrique du Nord. Observé en Espagne en 2012 et dans le Nord de l’Italie en 2018, son arrivée sur le sol français était prévisible et attendue, c’est chose faite ! Facilement reconnaissable avec sa couleur rouge et sa jupe jaune vif portée taille basse sur l’abdomen, il a été signalé à Marseille au mois de septembre 2021*.

vespa%20orientalis Frelon oriental, entrée d’un nid, photographié en Grèce en 2019 Photo : Yvan Brugerolles, Arthropologia

Notons que cette espèce, bénéficiant des transports de marchandises, avait déjà tenté son installation il y a quelques années en Grande-Bretagne et en Belgique. Il faisait alors encore trop frais, mais au rythme où vont les choses, ce n’est que partie remise…

Son cycle de vie est similaire à celui des Frelons européen et asiatique : seules les jeunes femelles adultes fécondées (futures pondeuses) passent l’hiver, tandis que le reste de la colonie s’éteint dès les premiers froids. Au printemps, les jeunes pondeuses deviennent actives et partent alors à la recherche d’une anfractuosité dans laquelle construire leur nid. C’est là l’originalité de cette espèce, qui préfère la vie souterraine ! Son alimentation est également similaire aux autres guêpes : les larves sont carnivores et les adultes se nourrissent principalement de nectar ou de fruits riches en sucre. Les ouvrières rapportent des morceaux de cadavres et autres insectes chassés pour combler les besoins des larves en protéines.

Cette espèce ne représente pas réellement une nouvelle menace pour la biodiversité, elle sera sans doute naturalisée progressivement, divers prédateurs (principalement des oiseaux) s’en régaleront au même titre que les Frelons européens et asiatiques. Car ne nous trompons pas de responsable, c’est bien la destruction, la pollution et la perturbation des milieux qui sont les réelles causes d’effondrement de la biodiversité. Elles créent en outre des conditions qui favorisent encore plus ces espèces « compétitives ».

Concernant une potentielle menace envers l’humain : le Frelon oriental est réputé peu agressif, mais il convient de ne pas stagner devant l’entrée du nid, ni de chercher à le détruire, car les réactions de défense peuvent s’avérer cuisantes… Les venins des guêpes et abeilles sociales peuvent produire une réaction allergique chez certaines personnes.

Enfin, rappelons que les mouvements naturels existent, notamment au gré des modifications environnementales (climatiques par exemple). Ainsi, de nombreuses espèces (faune, flore, champignons…) sont déjà arrivées (parfois seules, mais souvent « aidées »), depuis longtemps et sont aujourd’hui naturalisées. C’est par exemple le cas de celui qu’on nomme désormais le Frelon européen. Les problèmes surviennent lorsque le milieu est perturbé et que l’espèce nouvellement arrivée s’avère être « plus compétitive » (adaptée), un temps donné, dans ces conditions perturbées. Le rétablissement du bon fonctionnement des milieux permet d’intégrer et de réguler une espèce exotique parmi les cortèges d’espèces indigènes

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